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 [S-1] Eleid keid Iiraad'vor lhee...

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MessageSujet: [S-1] Eleid keid Iiraad'vor lhee...   [S-1] Eleid keid Iiraad'vor lhee... Empty2009-01-16, 23:11

La brume poisseuse s'étendait comme un linceul sur le port désert. Il faisait froid comme dans un tombeau, et silencieux comme dans un cimetière. L'ombre s'insinuait sous les portes et par les fenêtres sur la ville abandonnée. Des murs suintait un liquide visqueux, relent d'algues marines et de varech putréfié. La nuit était tombée, faisant taire l'activité diurne et réduisant au mutisme les habitants des lieux. Barricadés dans leurs demeures aux murs peu épais et aux volets de bois pourri, ils espéraient survivre encore cette nuit face au Démon.

Le Démon s'avança sur les pavés, écoutant la vie, humant les odeurs dissipées du marché matinal. Cela n'était plus qu'un souvenir, une image fixée dans l'esprit terrorisé des hommes encore debout. Les autres cauchemardaient désormais, ou barbotaient dans un tonneau d'eau poissonneuse, réduits au silence à jamais par une main de fer. La noyade, quelle heureuse invention.

A l'angle d'une rue, un coup de vent soulèva la cape du Démon. Les dards de métal poli étaient à sa ceinture, ensanglantés. La fine main pâle effleura les deux objets de malheur, dans un murmure. Encore. Encore. Le murmure grandit. Encore. Encore. Ils avaient soif. Ils avaient faim. Soudain, un craquement.

Le Démon s'arrêta. Plus un pas, plus un geste, plus un battement de cils. Quelqu'un avait bougé dans l'ombre, tout proche. Il avait vu les dards. Il avait vu le Démon. Où était-il ?
Lentement, les pupilles orangées se déplacèrent dans leurs orbites, scrutant la pénombre avec méthode. Elles se posèrent sur un coin de mur. L'homme tressaillit. Il s'empêcha de hurler en plaquant ses mains dodues devant sa bouche.

-Eleid keid Iiraad'vor lhe...

Le Démon disparut. La peur attaqua le cerveau peu réactif du noble perdu. Il regarda de tous côtés. Où ? Où ? Où il est ? Où il est ? Alacar, sauvez-moi. Alacar, pitié, sauvez-moi. Luminia, Alacar, par pitié. A gauche, la rue, noire, déserte. A droite, la place où se trouvait le monstre. Une torche au dessus de la fontaine brûlait encore, mais sa lumière n'éclairait pas. Les lunes ont disparus dans le brouillard. Les pavés étaient moites, maudits. Où ? Le silence.

La lame lui passa dans le corps comme une décharge, rapide, soudaine mais douloureuse. Elle en ressortit dans un gargouillement, tandis qu'un sang aqueux et surtout poisseux commençait à s'écouler de sa blessure. Il tomba à genoux, les deux mains sur son ventre, souffrant les dernières secondes de sa piètre vie. La longue cape de son assassin effleura son visage alors que celui-ci ctournait autour de son méfait.

L'homme aperçut l'épée ensanglantée, son reflet tordu dans son métal forgé. Il remonta les yeux sur le gant qui la tenait. Une main fine, enrobée de cuir ouvragé, d'une élégance rare. Il eut un spasme de douleur, ferma les yeux. La chaleur lui fit rouvrir les paupières qui roussir aussitôt sous le contact de la torche. Les flammes lui brûlèrent le cuir chevelu et, se débattant, il s'écrasa au sol dans une gerbe de flamme. S'éleva bientôt une affreuse odeur de chair calcinée, du corps inerte de l'honnête marchand.

Le lendemain matin, la terreur fut à son comble.
Le fragment de pierre de sang satisfait, Soloa fut loin.
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MessageSujet: Re: [S-1] Eleid keid Iiraad'vor lhee...   [S-1] Eleid keid Iiraad'vor lhee... Empty2009-01-18, 19:18

Attention, ce rp peut être considéré comme choquant.

L'homme se pétrifia en découvrant le corps de son ami. Ses yeux grandirent tandis que la peur dans son ventre l'enveloppait. Bien sur, il avait déjà peur depuis des heures, depuis toute cette marche à travers la forêt. Il était exténué, comme les autres paysans qui participaient à la battue, et sa première pensée pour Derald, gisant devant lui, fut vite chassée par l'envie et le besoin de fuir. Il appela à l'aide d'une voix tremblante et enrouée. Ses compagnons coururent pour lui porter secours, mais se pétrifièrent tous à leur tour en entrant dans la minuscule clairière.
Derald était là, dans son sang. Il avait la gorge ouverte de part en part, dévoilant sa trachée et son larynx. Des os ressortaient de la blessure et se dressaient vers le ciel, imbibés d'un liquide rouge et visqueux qui n'avait pas coagulé. Comme si le cou avait été brisé après l'entaille sale qu'avait du lui faire le Démon. Mais ce n'était pas tant ça qui figeait les paysans devant le cadavre. Non. La vision était affreuse, mais ils en avaient vu déjà trois auparavant. Non. Cette fois-ci, il manquait les mains. Derald n'avait plus de mains. Couché sur le dos, ses bras étaient repliés sur son torse, mais leur extrémité avait été coupé à la hâte. Il en suintait le même liquide pourpre et frissonnant qu'au niveau du cou, mêlé à quelque chose d'autre de plus inquiétant encore. Une sorte de bile noirâtre.
Les vêtements de Derald étaient déchirés. Il s'était débattu avant de mourir.
La terreur sauta à la gorge des cinq compagnons, qui ne parvenaient pas à détacher leur regard de la charogne que semblait être leur ancien ami. Ce fut le plus grand qui parvint à sortir sa rapière en premier, d'une main aussi tremblante qu'une feuille emportée par le vent d'automne. Il redressa les yeux vers le Démon qui se tenait là.

Le Démon, droit et immobile devant le cadavre, toisait ses cinq ennemis en silence. La cape sombre cachait les formes de l'inconnue, lui donnant l'aspect encore plus probant d'une créature des enfers. Sous la capuche noire, deux pupilles brillantes scrutant un par un les hommes devant elle. Ou plutôt, les bêtes, car désormais, ils étaient à sa merci. Ils ne se défendraient même plus, déstabilisés par l'effroi devant le cadavre.
Qu'ils étaient idiots, ses hommes. Il suffisait d'un excès de violence pour tous les condamner à la plus forte des angoisses. Aux cauchemars et aux tortures les plus affreuses. Rien de mieux qu'un cadavre sans mains ou ne possédant pas tous ses membres pour les ébranler jusque dans leur âme.
Désormais, il était temps qu'ils rejoignent leur ami.

Lentement, le bras gauche de Soloa se redressa jusqu'à former un angle droit parfait avec son corps. Sous la manche de sa cape, son index formula un signe quasiment invisible. Un sourire se traça sur ses lèvres tandis qu'elle brandissait sa main vers un point hors de la clairière.
Les regards qui se tournèrent vers ce point purent apercevoir, embrochées sur une lame gorgée de sang, les deux mains de Delrad.
Les autres, ceux qui ne purent se détacher de la carcasse pour se pointer sur ces lambeaux de chair, virent la mort arriver.

-Eleid keid Iiraad'vor lhee.

Un à un, les cinq compagnons tombèrent sous les puissantes lames du Démon. Ainsi se termina la battue organisée par le maire pour s'en débarrasser.
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MessageSujet: Re: [S-1] Eleid keid Iiraad'vor lhee...   [S-1] Eleid keid Iiraad'vor lhee... Empty2009-01-18, 23:28

Sur les docks de Velor, l'équipage de la Carème s'affairait. Le navire marchand était accosté au ponton le plus au centre des docks, protégé des vagues chatoyantes de la mer au loin dans sa crique. Le léger clapotis de l'eau sur la pierre et contre le bois de la coque berçait les matelots qui chargeaient les caisses de poisson et de vêtements avec habileté. Si l'effort transparaissait sur leurs visages à tous, leur capitaine percevait tout de même leur joie de quitter cet endroit. Ville maudite.
Le soleil frappait fort en cette milieu d'après-midi, mais l'océan était calme et la brise fraîche. Les odeurs de varech et d'algues marines apportés par les courants ascendants emplissait les poumons du jeune homme droit sur la proue de son navire. D'une voix claire, il lança à ses hommes.

-Allez, on s'active, ce soir nous sommes à Symph chez nos belles amies les muses ! Quartier libre bien entendu après déchargement. Allez allez.

Il ne fallut pas le répéter deux fois. La plupart des matelots lâchèrent un soupir de soulagement et certains même contemplèrent leurs mains bourrues posées sur une caisse d'un air béat. Chic, quartier libre !
L'équipage mit plus d'entrain à la tâche encore, descendant les lourdes charges dans la cale en sifflotant.
Ewel, car tel était le nom du capitaine, décida de rentrer. Il n'avait pas besoin de vérifier la carte marine une fois encore, mais l'air frais lui rentrait par les pores de la peau et, bien qu'il aimât l'odeur d'iode et de sel marin, il préférait sentir bon en arrivant chez les muses. Il y avait toujours d'heureuses rencontres à faire à Symph. Enfiler une veste qui couvrirait ses bras et calmerait un peu les senteurs océaniques semblait une bonne idée.
Il descendit l'escalier en bois sans se presser, au milieu de ses matelots. Ses cheveux blonds retombèrent sur sa nuque quand le bois de la cale le protégea du vent doux, et le désagréable relent des poissons enfermés dans les larges barriques lui agressa les narines. Il se dirigea jusque dans sa cabine, un sourire réjouit aux lèvres, et entra doucement. Sa cabine était tout ce qu'il y avait de plus sobre. Un bureau de bois clair, une commode pour les papiers divers, et un lit de camp accroché aux poutres du plafonnier, comme un hamac. Il n'aimait pas particulièrement ce lit, car en cas de tempête, il était impossible de dormir dedans.
Il apprécia encore moins cette couchette quand il aperçut ce qui se trouvait dessus.
Tout allait si bien pourtant, pourquoi maintenant ?
Le rêve de l'arrivée chez les muses dans la soirée s'envola. Adieu la bonne prime contre la cargaison de poissons. Adieu belles femmes dans les jolis quartiers. Adieu frivolités.

-Qu... qu... quoi es-tu ? Qui es-tu ?


Il bégaya, chercha ses mots, se trompa. Il connaissait déjà la réponse. Cela ne pouvait être que le Démon. Habillée de noir, enveloppée dans une cape, avec un aspect repoussant. Le seul vieil homme à avoir survécu à la vision de la créature infernale l'avait décrite ainsi, et désormais, Ewel en était sur. Le Démon était là, assis sur sa couchette, un cimeterre à la main, en train de... en train de... Qu'était-elle en train de faire ? Elle se frottait l'oreille de sa main libre.
Doucement, elle descendit du lit et se mit sur pied. Elle était aussi grande que le capitaine, mais Ô Alacar, qu'elle était hideuse. Ewel l'aurait décrit comme un elfe aillant bu la tasse. Une noyée. Elle ressemblait à une noyée. Il frissonna, sans bouger pour autant. Il ne fit aucun geste et n'eut pas même une pensée pour la fuite quand elle alla jusqu'à la porte. Porte qu'elle ferma délicatement. Elle revint à sa hauteur, et posa sa lame contre son dos.

-Je pas tuer toi. Si toi aller je autre côté mer.
-Qu... quoi ?
Elle parlait. Elle parlait leur langue ! Ou du moins, il reconnaissait ces mots. La voix paraissait rêche. Douce mais étrangement râpeuse, rugueuse. Quelque chose d'inhumain. Il se demanda comment, de toutes façons, elle aurait pu avoir une voix humaine avec cette apparence.
-Toi aller autre côté la mer. Je aussi. Je pas tuer toi si toi aller autre côté mer.
-Vou... vous... voulez aller de l'autre côté de la mer ? A Symph ?
-Oui. Symph. Oui.
-D'a... d'accord. Je veux bien. Moi bien vouloir.
-Toi pas dire rien. Toi silence. Pas dire rien. Je rester là.
-Oui... oui oui oui, d'accord.


Elle le contourna et le regarda dans les yeux. Il déglutit avec difficulté, tandis que les pupilles orangées tout à fait surnaturelles le dévisageait.
-Toi mens pas. Toi bon. Realle dehors.
-Realle ?
-Aller dehors.
-Bien bien, d'accord. Je... je m'en vais. Je... vous pouvez dormir dans le lit si vous voulez, ou tout ce que vous voulez. Je ne dirais rien.

-Aller dehors.
-D'accord.

Il recula d'un pas, puis de deux, ouvrit la porte et sortit. Il referma le locket derrière lui et ferma les yeux, plaqué contre le bois. Il reprit sa respiration, et tenta d'oublier les évènements. Finalement, ce soir, il serait chez les muses et tout irait bien. Tout irait bien.

Ainsi, c'était ça le Démon ?
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