La première chose que Maafax se demanda quand il s'éveilla était "Où suis-je ?"

Allongé sur le bois à l'arrière de la caravane, il avait du mal à réactiver ses sens, à ouvrir totalement ses yeux.
Il savait qu'il ne s'était pas endormi - raison pour laquelle il était toujours épuisé - mais que son corps avait néanmoins retapé sa dose d'énergie. C'était comme cela. Les muscles douloureux, mal de tête, mal aux yeux, problème pour inspirer et expirer normalement... il se remémorait ce qui s'était passé.
Surtout le froid, l'adrénaline qui l'avait soudainement réchauffé et ...

Il se redressa d'un bond en essayant de focaliser sa vision aux alentours. Il observait ce qui l'entourait cherchant des explications.
D'un geste, il défit la couverture dans lequel il était emmitouflé et tata son armure, chercha ses lames.
La luminosité transperçait la toile et l'informa de l'état avancée de la journée. Il marcha à quatre pattes jusqu'à l'arrière du chariot et étira le tissu pour observer l'extérieur.

Des plaines...
D'immense et d'énormes étendues plates et terreuses. Un vent frais et doux qui caressait la route et faisait ondoyer la brume de fraicheur qui s'épandait sur le paysage. Au loin, les montagnes, blanches et piquantes pointant un ciel vidé de tout nuages.

*Que s'est-il passé ?*

Le muse essaya de se mettre debout malgré le peu de force qu'il avait et le roulis léger de la caravane sur la route.

Il marcha prudemment jusqu'au devant et tenta de s'asseoir tant bien que mal sur le banc des conducteurs.
Le petit vieux lui adressa un unique signe de tête en guise de bonjour - sans lâcher la pipe qu'il coinçait encore entre ses lèvres. La vieille femme lui dit une chose qu'il ne comprit pas et qu'il fit semblant de ne pas entendre avant de s'adresser à Ingrid qui tenait les rênes.

Il chercha que dire et oubliant toutes les formalités d'usage demanda :

-On est où ?

[HS : un peu cours mais énorme manque de temps a cause de ces saleté de controle ]

Après que tout le monde se fut suffisement reposé après la longue traversée nocturne de la veille, le petit chariot et ses occupants repartit à travers les immenses et luxurieuses plaines de Shor. Des collines verdoyantes innondées de soleil s'étendaient à perte de vue devant eux, une légère brise faisant ondoyer les herbes hautes. L'image même de la quiétude.

Il devait être presque midi quand un mouvement se fit dans l'arrière du chariot. La tête de Maafax sapparu peu de temps après.

"-On est où?

-Au beau milieu des plaines de Shor. Splendide, n'est-ce pas?"

Un sourire émerveillé - presque enfantin - se peignait sur le visage d'Ingrid. De toutes les contrées qu'elle avait visité, Shor était sans doute celle qu'elle préférait. Traversées par de nombreuses routes marchandes, les plaines de Shor étaient un lieu de rencontre et de mélange entre les différents peuples, créant une atmosphère paisible de 'paix universelle', même si tout sourire et compliment n'étaient que fausses apparences diplomatiques et stratégiques en vue d'obtenir de meilleurs prix sur le marché. La jeune mercenaire aimait beaucoup faire étape dans une des nombreuses petites cités longeant les routes. On pouvait y observer à loisir toute sorte de personnages étranges ou inconnus. Observer les hommes, muses ou elfes était une des activités favorites d'Ingrid. Tous ces gens étaient tellement...fascinants.

"-Nous devrions atteindre Symph demain dans la journée. Ce soir, nous descendrons dans une auberge. Ce n'est pas ce qui manque dans le coin."

Mais le soleil était encore haut dans le ciel et les quatre compagnons continuèrent paisiblement leur route à travers les plaines, admirant le paysage à loisir.

Le muse fut surpris de voir Ingrid dans cet état. Il l'avait toujours vu dure avec tout et là ... elle semblait plus souriante et chaleureuse.

-Au beau milieu des plaines de Shor. Splendide, n'est-ce pas?"

Il porta un instant son regard au lointain. Il était vrai que le paysage vide l'enviait. Mais il faisait froid et il avait trop marché à son gout pour avoir l'envie juvénile de partir gambader. Il reporta ses yeux sur Ingrid et soupira ne sachant que dire. Peut-être qu'il devrait se taire mais c'était plus fort que lui. Il avait dix milles questions en tête. Comment se fait-il qu'ils l'aient retrouvé ? Combien de temps avait-il dormi ? Qu'était-il advenu des bandits qui l'avait poursuivi pendant qu'il dévalait la pente ?
Il massa ses tempes quelques minutes.

-Merci. Je sais pas comment vous avez fait, mais merci...

Maafax se redressa et s'étira. Ne sachant quoi dire. Ils allaient bientôt arriver à Symph. Qu'allait-il y faire là bas ? Pas d'argent, pas de cultures, pas de connaissance. La vie devenait compliquée. Il ne se rappelait même plus pourquoi il était parti des marécages.
Il regarda les petits vieux qui ne parlaient pas. Qui ne disaient mot et qui vaquaient à leurs pensives occupations.

Maafax prit son épée rangée à l'arrière du chariot et demanda :

-Tu veux que je prenne la route ? Tu es peut-être fatigué ... Dis moi juste où on va et je m'en occupe.

"-Merci. Je sais pas comment vous avez fait, mais merci..."

Merci pour quoi? fut la première pensée d’Ingrid. Elle allait lui donner de la voix quand elle comprit de quoi Maafax voulait parler.

« -Oh oui…Je suppose que je vous dois quelques explications. Ingrid prit le temps de réfléchir à la manière dont elle allait présenter la chose pour que le muse ne le prenne pas trop mal. Vous avez du penser que nous vous avions ‘abandonné’, et c’est sûrement ce que tout autre personne aurait pensé à votre place. Mais sans être totalement faux, ce n’est pas exactement ce qui s’est passé. Elle lui raconta alors comment elle était revenue au camp et ne l’avait pas trouvé, que même en l’appelant, il n’était pas reparu et que, à moitié sur impulsion, à moitié par curiosité, elle avait décidé de partir sans lui, ce qui lui permettrait entre autre d’être fixée sur ses capacités de survie en solitaire en milieu inconnu et hostile. J’avoue qu’il y a sans doute des moyens plus… ‘adaptés’ pour en arriver là, mais je suppose qu’on ne se refait pas… »

Elle tenta un coup d’œil en direction du muse. Celui-ci ne dit rien et redisparu à l’arrière du chariot. Oui bon, il est vrai qu’il n’y avait rien d’agréable à être utilisé comme un ‘animal de laboratoire’ qu’on observe et analyse mais tout de même ! Déjà, il aurait pu lui être reconnaissant de sa franchise et puis, elle lui avait quand même sauvé la vie !
Maafax refit surface quelques minutes après, son épée à la main.
Quoi ?! Je n’pensais pas qu’il était aussi…impulsif.
Instinctivement, Ingrid posa sa main sur la garde de sa dague, prête à se défendre au cas où le muse serait assez fou pour vouloir se battre. Elle se détrompa pourtant bien vite quand il ouvrit la bouche.

"-Tu veux que je prenne la route ? Tu es peut-être fatigué ... Dis moi juste où on va et je m'en occupe."

Ah, alors il ne m’en veut pas, en fait. Ingrid était autant étonnée que rassurée. C’était bien que les choses soient ainsi. Puisqu’il ne semblait pas y avoir de tension notable entre eux, elle se permit une de ses remarques entre l’ironie et le cynisme qu’elle affectionnait tant.

« -Les femmes sont bien plus résistantes que les hommes, vous savez, n’allez pas croire qu’il m’est impossible de réaliser ce que vous vous savez incapable de faire. Cela dit, c’est gentil de vous être proposé. Comme si ce fut une autre personne qui parlait par sa bouche, Ingrid reprit d’une voix tout à fait neutre et informelle. Nous allons continuer dans cette direction jusqu’à la tombée de la nuit, dit-elle en pointant de l’index une région située au nord-est. Comme nous suivons une route proche de la principale, les auberges ne devraient pas tarder à se faire voir et nous n’aurons que l’embarras du choix. »
La jeune mercenaire tendit les rênes à Maafax et s’étendit bras et jambes avant de trouver une position suffisamment confortable – du moins autant que le permettait la banquette de bois où elle était assise. Le regard perdu au loin, elle dit d’une voix étrangement calme et reposée, comme ‘rassurée’ :

« -Vous vous en êtes très bien sorti l’autre soir, et vos pouvoirs sont tout à fait impressionnants. Vous ferez un bon mercenaire quand vous aurez appris à mieux combiner vos atouts. »

-Vous vous en êtes très bien sorti l’autre soir, et vos pouvoirs sont tout à fait impressionnants. Vous ferez un bon mercenaire quand vous aurez appris à mieux combiner vos atouts.

Maafax aurait volontiers voulu éclater de rire à la remarque d’Ingrid, mais il ne put qu’étirer un sourire narquois. Après tout ce qu’il avait appris pouvait-il réellement se contenir ? Il avait marché entre les arbres à moitié assommé par une branche ; il avait franchi les montagnes, avait tenté de trouver milles astuces pour retrouver le groupe, avait gelé sur place lorsque la neige s’est mise à tombée et pour combler le tout, « madame » lui disait à présent que s’était pour relever ses compétences.


Il l’avait regardé en coin durant tout son speech. L’avait écouté docilement et avait ragé intérieurement. Qu’est-ce qui le retenait de déposer les rênes et s’en aller avec son bagage ?
Il se gifla méchamment et secoua sa tête pour faire fuir toute idée négative. Après tout, il s’en était sorti… nuance, il ne s’en serait jamais sorti si Ingrid n’avait pas été là. Et après tout, sa dernière phrase avait été un compliment (du moins, avec le caractère d’Ingrid, il pouvait le prendre comme tel). Il lui lança un regard en coin. Qu’avait-elle pu voir de la bataille ?

Sa mère lui avait dit de ne jamais montrer ce qu’il savait faire. Par sécurité et parce qu’on pourrait toujours lui demander plus… mais il n’avait écouté que rarement ces paroles, préférant se rendre intéressant.



Il se calma et soulagea sa nervosité permanente en fixant l’horizon. Il était vrai que les plaines de shor avaient une beauté insoupçonnée. Le paysage était plat et mort. Mais des moineaux sautillaient sur les à-côtés de la route pour gratter terre et verglas. Le soleil se masquait derrière des nuages et assombrissait par endroit les plaines tendit que d’autres semblait rayonner. Les plaines de shor étaient aussi silencieuses et aussi inquiétante que les marécages de kyr, pas d’âme, pas de vie, vide de sensation, mais au moins on pouvait se permettre de rouler dessus avec un chariot sans que celui-ci s’embourbe.


Il fallut encore une heure de roulis réguliers et de cahots doux pour parvenir à distinguer derrière la brume de fraicheur de petites maisonnées.
Il s’approcha d’Ingrid et lui secoua le bras en lui disant :


-Fais-toi belle, on arrive.


Avant d’entrer dans le village, il étira ses bras alourdis par l’armure et tapota sur l’arrière de l’armure. Cela faisait longtemps qu’il n’avait plus fait ce geste se rendit-il compte. Chaque jour depuis qu’il avait perdu ses ailes, il tapait son dos pour sentir éventuellement des plumes ou bien quelque chose qui lui indiquerait qu’elles repousseraient un jour.


De toute manière, elles ne repousseraient pas, il était condamné à marcher toute sa vie sur terre, à courir et à se battre sans et cela ne changeait rien à sa condition.

-Alors, que fait-on maintenant ? demanda t’il à l’intention de sa ‘partenaire’

Ingrid s'était décidément bien installé. Laissant le déroulement de leur itinéraire aux bons soins de Maafax, elle avait commencé par se perdre dans les étendues émeraudes des plaines avant de progressivement se mettre à somnoler. La route régulière et le ballotement de la charrette la berçait, et la douce chaleur de cette fin de journée ne faisait qu'optimiser son assoupissement.

"-Fais-toi belle, on arrive. "
La voix de Maafax résonna un moment dans l'espace indéfini se situant entre le rêve et la réalité avant qu'elle ne la ramène totalement dans celle-ci. Un vieux réflexe conduisit sa main jusque sur le côté de sa cuisse où elle vérifia la présence de sa dague avant même d'ouvrir les yeux. Elle souleva doucement ses paupières et ses yeux accueillirent la douce lumière du crépuscule. De plus en plus de maisons et d'auberges poussaient le long de la route, telles des champignons. La proximité de Derel se faisait sentir.

"-Alors, que fait-on maintenant ? demanda t’il à l’intention de sa ‘partenaire’.

-Il n'est pas encore très tard mais la nui tombe vite à cette période de l'année. On ferai tout aussi bien de s'arrêter dans une de ces auberges qui jonchent la route. Pourquoi pas celle-là, d'ailleurs?"

Disant cela, elle pointa une petite bâtisse d'aspect modeste mais accueillant. Derrière ses vitres teintées en diverses couleurs allant du vert bouteille au bleu nuit, on pouvait apercevoir la lueur d'un feu de cheminée.

***

La caravane garée et le cheval mis à l'écurie, Maafax et Ingrid pénétrèrent dans l'établissement. Une demi-douzaine de regards se tournèrent vers eux quand ils poussèrent la porte, puis retournèrent au fond de leur chope, sauf un. Une paire d'yeux resta fixée sur eux un peu plus longtemps qu'il n'était nécessaire, et de toute évidence, ce regard là, dissimulé dans un coin sombre de la pièce, ne cherchait pas seulement à identifier les nouveaux arrivants. Cependant, Ingrid ne s'en rendit pas compte. En fait, elle ignora même superbement tout le petit monde de la salle, se dirigeant d'un pas assuré vers le comptoir.

"-Deux repas, et deux chopes."

Le gérant hocha la tête avec un grognement pour la forme, et Ingrid se mit en quête d'une table 'potable' où ils pourraient dîner dans de 'bonnes' conditions.

"Non pas celle-là." dit-elle à Maafax qui se dirigeait vers une table proche. "Trop sale."

Elle finit par jeter son dévolu sur une petite table un peu bancale mais relativement propre, ou du moins pas entièrement recouverte des reliefs des centaines de repas qui avaient dû s'y dérouler. Elle s'assit et soupira d'aise. Elle en avait un peu marre du balancement de la charrette et des cahots de la route. Ce soir, elle pourrait espérer dormir plus confortablement.
Une serveuse leur apporta leurs plats peu après et ils commencèrent à manger.

Maafax était étonné que les vieux décident de les quitter pour un temps mais était tout aussi surpris de l'attitude d'Ingrid. Il haussa les épaules en songeant qu'après tout, elle faisait ce qu'elle voulait et ses humeurs changeantes commençait à lui plaire. Il avait eut peur au début qu'ils ne s'entendent pas très bien, mais ce temps était de toute évidence révolus.

Il la regarda avaler la bière que la serveuse leur avait apporté. Il écarta sa chope et posa un doigt sur les auréoles que formaient les verres sur la table. Il joua quelques instants a faire des chemin avant de bailler.

Il toussota en regardant autour de lui. Les quelques auberges et tavernes qu'il avait visité a Sudden était bien différente de celle-ci. Il régnait là bas une humeur plate et fade, pas de cri plus haut que les autres. Les gens chuchotaient et ne racontaient rien de personnel alors qu'ici, perdu dans un petit village des plaines, les gros bras gueulaient et riaient à tout casser. Tapaient du poing sur la table et descendaient leurs bières avec un bruit qui donna envie au muse de régurgiter les quelques miettes qu'il avait mangé durant son voyage.
Il avait tout étudié. Le sol qui craque, les planches sèches d'un escalier descendant derrière le comptoir - comptoir vernis en vitesse par une brosse sale. Après avoir massé ses tempes quelques instant, il se décida enfin à boire sa bière et à ingurgiter son repas.

Quand il eut finit, et après une courte pensée pour les petits vieux :

- Qu'est-ce que tu vas faire à Symph ? demanda Maafax encore un peu fatigué du voyage. Tu n'as pas l'air d'une commerçante ou bien de quelqu'un qui ait envie de rester sur place... Je me trompe ?

Cela faisait plusieurs jours que les deux mercenaires n'avaient pas eu droit à un repas convenable, et ils mangèrent en silence, tout à leur appétit. Quand ils eurent fini, ce fût le muse reprit la conversation.

"- Qu'est-ce que tu vas faire à Symph ? demanda Maafax encore un peu fatigué du voyage. Tu n'as pas l'air d'une commerçante ou bien de quelqu'un qui ait envie de rester sur place... Je me trompe ?"

Ingrid eut un léger sourire. Peut-être était-ce dû à l'ambiance chaleureuse qui régnait aussi, ou bien à la fatigue ou encore à l'alcool ingurgité, mais la jeune femme se sentait d'humeur bavarde et ne remarqua même pas son emploi du 'tu' remplaçant le vouvoyement poli et distancier qu'elle s'employait à utiliser d'habitude.

"-A Symph, je n'y vais que pour honorer mon contrat avec les marchands et j'en partirai sûrement aussi vite que nous y serons arrivés si je ne trouve pas d'autres offres sur place. Ca devrait répondre à ta deuxième question : je ne suis pas quelqu'un qui aime se fixer où que ce soit. Que veux-tu, c'est comme ça, il me faut de l'action."

Elle s'interrompit le temps de réprimer un frisson.

"-Brr, je m'imagine très mal en vieille femme au foyer édentée..."

Et effectivement, cette idée semblait la révolter, si on en croyait son faciès qui n'exprimait que le dégoût d'une telle situation. Pour oublier ce 'cauchemar', elle but une longue gorgée de sa pinte de bière. Cela faisait un bon moment qu'elle ne s'était pas arrêté dans une auberge ou un lieu du genre et elle se promit de se ménager un peu plus à l'avenir.
Elle réprima de justesse un baillement avant de regarder Maafax.

"-Et toi, tu y vas pour quoi? T'as d'la famille là-bas?"

On lui avait toujours dit que Symph était une ville de muses, et elle s'était ainsi toujours représentée la cité comme une sorte de château enchanté où dansaient et chantaient des hommes-fées à longueur de journée. Enfin ça, c'était avant qu'elle n'y aille en vrai pour la première fois et qu'elle découvre, dépitée, une ville ordinaire, peut-être un peu plus charmante que la moyenne par son architecture complexe c'est vrai, mais aussi sale et pleine de misère que les autres.
Le monde de Keiter était décidément bien désolé...

Maafax avait écouté les quelques phrases qu'Ingrid avait prononcées.

-Et toi, tu y vas pour quoi? T'as d'la famille là-bas?

Le muse sourit à la question. Il but une fois encore une gorgée de bière avant de répondre.

-Et bien, c'est ma "patrie natale" si j'ose dire. Je ne sais pas trop ce que j'y ferais, mais j'ai quand même envie d'y faire une halte au moins une fois avant que je devienne édenté.

Il sourit un instant à cette idée. Avant de revenir à un sujet plus terre à terre.

-Hum... tu n'avais pas l'air surprise lorsque je me suis réveillé dans la caravane. Les dons que j'ai, tout le monde les possède ? Il me semblait que c'était des choses assez rare aux rumeurs que j'ai attrapé au vol.

Ingrid avait visé juste sans le savoir, mais en même temps ce n'était pas très compliqué. La plupart des muses étaient issus de Symph. Quand Maafax prononca les mots de 'patrie natale', la jeune femme ne put s'empêcher de penser à son petit village où elle n'était pas retourné depuis bien longtemps maintenant. Elle se fit la promesse - en sachant qu'elle ne la tiendrait pas - de s'arrêter à la première occasion et d'aller embrasser ses parents. Ces petites promesses rassuraient sa 'conscience', et elle trouvait toujours de 'bonnes' excuses pour justifier ses absences toujours plus longues.
Comme Maafax reprenait la conversation, elle laissa ces pensées de côté, comme à chaque fois.

"-Hum... tu n'avais pas l'air surprise lorsque je me suis réveillé dans la caravane. Les dons que j'ai, tout le monde les possède ? Il me semblait que c'était des choses assez rare aux rumeurs que j'ai attrapé au vol.

"-Et bien, il semblerait en effet que de plus en plus de personnes naissent avec le don. Chez certaines personnes, il ne se développe jamais, chez d'autres, il devient exceptionnel. Personne n'a encore jamais compris comment fonctionnait la répartition du don. Toutes les théories sur le sang ou la race n'ont aboutit à rien et il semblerait que ce fut simplement le fruit du hasard."

Ingrid tut le fait qu'elle possédait elle aussi des dons. Elle n'en voyait pas l'intérêt immédiat et bien que son intention ne fut pas de cacher quoi que ce soit au muse qu'elle estimait assez digne de confiance pour cela, révéler ses dons était comme révéler un secret sur sa personnalité. Bien que de nombreuses personnes pensent que leur personnalité se construit en fonction de leur don, c'est l'inverse qui se produit en réalité. C'est en raison de notre essence même, de ce que l'on est au plus profond de nous que les dons se manifestent ou non, et surtout, quels types de dons se manifestent. Ingrid s'était une fois amusée à comparer les dons à des sortes de pièces secretes qui ne s'ouvraient que lorsqu'on s'était prouvé à soi-même qu'on était apte à y entrer.

-Et bien, il semblerait en effet que de plus en plus de personnes naissent avec le don. Chez certaines personnes, il ne se développe jamais, chez d'autres, il devient exceptionnel. Personne n'a encore jamais compris comment fonctionnait la répartition du don. Toutes les théories sur le sang ou la race n'ont aboutit à rien et il semblerait que ce fut simplement le fruit du hasard.

Maafax était pensif ne cessant de remercier d'avoir gouté au fruit du hasard même s'il n'oubliait pas de quelle manière il avait perdu ses ailes étant petit. Il s'imaginait souvent leur formes ou leur couleur, ce qu'il pourrait faire avec, comment les gens le regarderaient, bref ... être ce qu'il avait toujours aimé : être au centre des conversation.

Le muse regarda autour de lui un instant n'arrêtant pas une seconde de fureté à droite et à gauche. Il se demandait comment il avait pu vivre si loin de tout. Ici, les gens n'avaient qu'un pas à faire pour trouver de la nourriture alors que dans les marécages de kyr, il fallait parfois parcourir plusieurs kilomètres pour trouver quelques choses d'à peine comestible.

Puis il s'approcha d'Ingrid et demanda a voix basse :

- Qui sont les mages noirs ? Je veux dire objectivement, ils ont l'air de foutre le bazar, mais en réalité, qu'est-ce qu'ils font au pouvoir ?

Il sentait que sa question était un petit peu déplacée, et que ce n'était surement ni le lieu ni le moment de parler d'eux, mais il voulait comprendre ce que se passait dans la tête des gens qui l'entourait. Son regard était perplexe et il espérait qu'Ingrid Neels ne vienne pas éclater de rire face à ses maigres connaissances...

[HRP à lire: Si j'ai pris la peine de noter qu'il y avait une personne qui nous fixait quand nous sommes entrés dans l'auberge, c'était pour faciliter l'éventuelle insertion d'un nouveau rpiste ici. N'hésitez pas!]


Maafax ne dit rien suite à son 'explication'. Peut-être la trouvait-il suffisante. Ingrid elle ne cessait de se poser des questions à ce sujet. Dans quel but, pour quel mission supérieure leur avait-on accordé ces dons? Persuadée que rien n'est sans raison et qu'un don est rarement gratuit, elle attendait, depuis la première apparition de son don, que quelqu'un vienne la chercher et lui dise enfin ce qu'on attendait d'elle.
Elle se posait d'ailleurs de plus en plus la question à mesure que Keiter semblait dépérir. Depuis que ces étranges Mages Noirs étaient venus au pouvoir, tout semblait aller de travers et Ingrid pressentait de mauvais présages pour l'avenir. Peut-être proche, d'ailleurs.
Comme si Maafax avait pu lire ses pensées, il parla en accord avec celles-ci.

"- Qui sont les mages noirs ? Je veux dire objectivement, ils ont l'air de foutre le bazar, mais en réalité, qu'est-ce qu'ils font au pouvoir ?"

Perturbée par cet étrange concordance de pensée, Ingrid redevint aussitôt méfiante. Ils n'avaient jamais parlé des Mages Noirs ensembles et elle ne connaissait absolument pas la position du muse à leur sujet. Il venait clairement de signifier par ses paroles qu'il ne les portait pas dans son coeur, mais comment être sûre qu'il ne bluffait pas? Comment savoir si une fois qu'elle lui aurait dit ce qu'elle en pensait elle, il ne se révèlerai pas un fervent partisan des Mages Noirs, et n'essayerait pas de l'éliminer?
Cette pensée lui sembla absurde et pourtant, elle ne pouvait se résoudre à l'exclure. Ce ne serait pas la première fois qu'on lui prêchait le faux pour savoir le vrai.

Elle observa la pièce bondée de monde. Trop d'oreilles, trop de risques. Elle ne pouvait pas parler des Mages Noirs en toute sincérité dans un lieu public.
Elle regarda Maafax droit dans les yeux, avec un sérieux inhabituel.

"-Tu veux vraiment savoir qui sont les Mages Noirs? Alors suis-moi."

Elle se leva et se dirigea vers la porte en essayant de ne pas attirer plus que de raison l'attention générale, qui était d'ailleurs trop concentrée sur ses chopines pour remarquer le départ de deux personnes au milieu de la foule bruyante.
Seule une paire d'yeux qui semblait ne pas les avoir quitté resta fixée sur eux.
[HRP: !C'est le moment de nous suivre si vous voulez intégrer le rp!]

Le muse suivit l'humaine jusqu'à l'écurie où ils trouvèrent un coin pour s'asseoir, après qu'Ingrid eut vérifié que personne d'autre qu'eux n'était présent.
D'un geste vif et parfaitement exécuté, Ingrid se retrouva alors dans le dos de Maafax, une clé lui bloquant les bras et un poignard menaçant dans le dos.

"-Je suis sincèrement navrée d'avoir à faire ça mais je n'ai pas le choix. Je veux que tu me dises où tu te places par rapport aux Mages Noirs. Attention, si tu me mens je le saurais et je n'aurais d'autre choix que de te tuer."

Sa prise était ferme même si la jeune femme regrettait de devoir en arriver là. C'était un 'mal nécessaire', comme tant d'autres. Placé entre le marteau et l'enclume, le muse n'aura plus qu'à être sincère. L'avantage qu'elle avait sur lui, outre le fait qu'il avait un poignard dans le dos et elle non, était qu'il ignorait tout de ses positions vis à vis du pouvoir actuel. Ne sachant si elle était pour ou contre, il n'aura d'autre choix que de lui dire la vérité, au péril de sa vie.
Avec un petit pincement au coeur pour les quelques jours agréables passés ensemble, Ingrid espérait fortement que le muse ne fut pas pour les Mages Noirs et qu'elle n'ai pas ainsi à mettre fin à leur voyage commun.

Maafax hoqueta à la surprise de ce qu'Ingrid venait de faire. Sa méfiance tout d'abord de ce qui l'entourait puis cette attaque. Elle avait rapide, trop pour qu'il ait le temps de réagir. Il sentait la lame dans son dos et se demanda s'il n'était pas pour lui le moment de se transformer en brume. L'air était froid et humide juste ce qu'il fallait. Puis il se rasséréna, il avait besoin de savoir pour les mages noirs ... et si toutes les personnes à qui il poserait la question avait cette attitude, alors, il valait mieux que ce soit Ingrid qui le menace.

Le muse tenta de se libérer de l'étreinte mortelle en bougeant lentement, mais rien n'y fit.

-Je suis sincèrement navrée d'avoir à faire ça mais je n'ai pas le choix. Je veux que tu me dises où tu te places par rapport aux Mages Noirs. Attention, si tu me mens je le saurais et je n'aurais d'autre choix que de te tuer.

Maafax se mit à pouffer de rire même si le moment n'était pas à l'humour. C'était un rire ironique étirant une large plaie dans son orgueil. Il s'était laissé avoir par confiance... pour Ingrid. Voilà qui le surprenait lui-même.

-Tu rêve j'espère, sussura t'il à Ingrid avec un sourire. Tu as l'arme en main, et je ne sais même pas dans quel camps toi tu es.

Il se débattit une fois encore, mais l'emprise d'Ingrid était trop forte pour lui.
Il réfléchissait. Ou bien, elle était pour les mages noirs ou bien contre. La demande l'avait choquée et -de toute évidence- elle protège ses arrières pour ne pas avoir à dire une chose qu'elle pourrait regretter.

- là est le problème . J'aimerais bien pouvoir te répondre, je t'assure, mais je ne sais même pas qui ils sont. Je suis sorti de chez moi sans savoir ce qui se passait ici. Je ne sais pas à quoi il ressemble comment ils ont fait pour prendre le pouvoir et tout le reste. Pourquoi t'aurais-je posé la question.

Il soupira. La nuit pesait sur lui, pesait d'un silence et d'une lame dans son dos qu'il n'arrivait pas à effacer de son esprit.

-Maintenant, madame-la-mercenaire, écoutez moi bien. Si vous voulez me tuer, vous avez intérêt à le faire le plus rapidement possible. Cela n'a rien avoir avec une menace, mais mes dons sont régénérés. Et si vous pensez que je peux vous nuire en quelques façons que se soit, vous avez intérêt à ne pas me laisser le temps de riposter, non ? Vous m'avez demandée de choisir entre deux réponses, moi je fais de même, vous avez le choix d'enfoncer votre lame ou bien de me lâcher et de discuter pour m'expliquer pourquoi une telle méfiance.

Le muse aimait le système de l'ultimatum. Lui dire qu'il était pour ou contre les mages noirs serait faire le jeu de l'ennemi, car lui même ne savait quoi dire. De plus, il espérait intérieurement - tout en se concentrant sur le métamorphisme brumaire - qu'Ingrid n'appliquerait pas la menace qu'elle avait pointé contre son armure.

[Hrp : je vais pas trop loin dans les mouvements si jamais qqun veut intervenir...]

Contre toute attente, Maafax se mit à...rire. Ingrid se renfrogna aussitôt. Elle ne voyait vraiment pas ce qu'il y avait de drôle!
Après avoir vainement essayé de se débattre, le muse se résigna à lui répondre plus sérieusement.

"- Là est le problème . J'aimerais bien pouvoir te répondre, je t'assure, mais je ne sais même pas qui ils sont. Je suis sorti de chez moi sans savoir ce qui se passait ici. Je ne sais pas à quoi il ressemble comment ils ont fait pour prendre le pouvoir et tout le reste. Pourquoi t'aurais-je posé la question. "

Il avait l'air sincère et Ingrid hésita un court instant. Etait-elle trop méfiante? Non. On ne l'était jamais assez.

"-Maintenant, madame-la-mercenaire, écoutez moi bien. Si vous voulez me tuer, vous avez intérêt à le faire le plus rapidement possible. Cela n'a rien avoir avec une menace, mais mes dons sont régénérés. Et si vous pensez que je peux vous nuire en quelques façons que se soit, vous avez intérêt à ne pas me laisser le temps de riposter, non ? Vous m'avez demandée de choisir entre deux réponses, moi je fais de même, vous avez le choix d'enfoncer votre lame ou bien de me lâcher et de discuter pour m'expliquer pourquoi une telle méfiance. "

Ingrid se souvenait très bien des dons du muse. Elle l'avait vu bouger à une vitesse impressionnante et elle ne doutait pas qu'il pu par ce moyen se dégager facilement de son étreinte. Pourquoi ne l'avait-il pas déjà fait d'ailleurs? Etait-il si confiant qu'il pensait être certain de ne rien craindre d'elle?

"-Je ne veux pas te tuer, Maafax."Sans relâcher sa prise, elle abaissa sa lame. "J'ai eu peur, voilà. Sur Keiter, personne n'ignore qui sont les Mages Noirs ni leur influence sur le monde. Ta demande m'a surprise, et je l'ai mal interprété. Je te demande pardon, je n'aurais pas dû croire que tu puisses vouloir me tromper."

C'était même ridicule. S'il en avait eu après elle, il aurait déjà eu mille occasion de lui passer sa lame en travers du corps. Ce fut au tour d'Ingrid d'avoir un petit rire nerveux.
Elle relacha Maafax et recula d'un pas.

"-Je suppose que tu vas m'en vouloir un peu de cet 'épisode'. Bah, tant pis. Pour me 'racheter', je veux bien te raconter ce que je sais des Mages Noirs.
A la base, c'était une guilde recrutant les personnes dotés de dons puissants, souvent légendaires. Les recrues étaient formés au combat et à la violence, et surtout, à la maîtrise de leur don. Les Mages Noirs sont des adversaires redoutables car ils ne craignent ni la mort ni la douleur et sont prêts à tout pour atteindre leur but. La Guilde pris de l'ampleur et pris le pouvoir en 420 après la Grande Déchirure. Je ne sais pas où tu étais à ce moment là pour ignorer ça, mais ce fut un bouleversement total dans tout Keiter. Des milliers de figures encapuchonnées et masquées se répandirent aux quatres coins de l'île et construisirent des centres de formation.
Les Mages Noirs n'ont aucun sens moral et ne se soucient pas plus des pertes dans leur camp que dans le camp opposé, s'ils peuvent atteindre leur objectif. La Confrérie est aujourd'hui présente de partout et quiconque s'oppose clairement à leur domination encoure la peine de mort. Tu comprends peut-être mieux maintenant pourquoi j'étais si méfiante. Parler des Mages Noirs à voix haute est un risque important. En parler à quelqu'un dont on ignore le passé et les orientations peut se révéler fatal."

Ingrid fit une pause dans son long discours. Ce qu'elle venait d'apprendre à Maafax semblait le troubler profondément. Elle, elle avait appris à vivre avec, même si ces trois dernières années ne cessaient d'augmenter la nostalgie qu'elle avait de "l'ancien Keiter", ce monde si riche et si prospère, si beau. Elle se demanda un instant de quel côté elle serait si une rébellion éclatait contre les Mages Noirs. Certes, pas de leur côté, mais contre? Jusqu'ici, elle avait prôné la neutralité, autant par désintérêt que pour protéger sa personne.
Mais aurait-elle le courage de s'engager ouvertement contre les Mages Noirs, de porter les armes contre une Confrérie dont elle savait qu'elle n'avait aucune chance de la vaincre?
On n'en est pas encore là.

-Je suppose que tu vas m'en vouloir un peu de cet 'épisode'. Bah, tant pis. Pour me 'racheter', je veux bien te raconter ce que je sais des Mages Noirs.
A la base, c'était une guilde recrutant les personnes dotés de dons puissants, souvent légendaires. Les recrues étaient formés au combat et à la violence, et surtout, à la maîtrise de leur don. Les Mages Noirs sont des adversaires redoutables car ils ne craignent ni la mort ni la douleur et sont prêts à tout pour atteindre leur but. La Guilde pris de l'ampleur et pris le pouvoir en 420 après la Grande Déchirure. Je ne sais pas où tu étais à ce moment là pour ignorer ça, mais ce fut un bouleversement total dans tout Keiter. Des milliers de figures encapuchonnées et masquées se répandirent aux quatres coins de l'île et construisirent des centres de formation.
Les Mages Noirs n'ont aucun sens moral et ne se soucient pas plus des pertes dans leur camp que dans le camp opposé, s'ils peuvent atteindre leur objectif. La Confrérie est aujourd'hui présente de partout et quiconque s'oppose clairement à leur domination encoure la peine de mort. Tu comprends peut-être mieux maintenant pourquoi j'étais si méfiante. Parler des Mages Noirs à voix haute est un risque important. En parler à quelqu'un dont on ignore le passé et les orientations peut se révéler fatal.

Maafax tomba des nues aux révélations d'Ingrid.
Qu'avait-il perdu en étant dans les marécages ? Combien de temps s'était-il voilé la face et pourquoi une telle choses étaient arrivée ? Puis il se mit à songer à ses dons. Ces trois pouvoirs qui lui avaient volés ses ailes et tout espoirs de s'envoler dans les cieux. Les auraient-ils encore eut si les mages noirs lui avaient appris à s'en servir ? Il regrettait amèrement que personne ne puissent lui rendre ses ailes et que personne ne puisse lui dire où elles se trouvent...

Il pouvait aisément comprendre ce que ressentait Ingrid et la menace qu'elle avait senti peser à sa question. Il ne pouvait pas lui en tenir rigueur, et il ne le devait pas.

-Excuse moi pour la question ... au grand public je veux dire. J'ignorais ...

Puis il leva les yeux au ciel ne sachant que dire. Il était choqué. Choqué par son ignorance et celle du monde qui l'entourait.

Puis, il tourna des yeux pour évaluer les alentours avant de demander :

- ... et personne ne fait rien contre ? Il y a bien des gens comme moi avec des dons qui ne leurs appartiennent pas. Des gens qui serait prêts à changer les choses non? Et puis, ce n'est pas parce que l'on a pas de dons que l'on peut permettre de se laisser marcher sur les pieds ?

Le muse sentait un gout acre dans le fond de sa gorge. Il voulait faire quelques choses pour tout les inconnus qu'il n'avait jamais croisé pendant tout ce temps, mais se retrouvait pour le moment immobile. Il ne pouvait pas partir sans savoir où aller. Il voulait et devait faire quelques choses, mais ne savait pas quoi faire ...et puis, tout seul, il n'arriverait à rien. C'était un miracle s'il était rentré à Sudden sans avoir de réels problèmes. Un miracle s'il avait abusé de la crédulité du garde. Mais, il se rassit sur la réalité, les pieds bien ancré sur terre... il ne pouvait rien faire.
Pas encore.

-"Excuse moi pour la question ... au grand public je veux dire. J'ignorais ... "

Ingrid chassa ces excuses d'un revers de la main négligeant. Maintenant les choses étaient claires pour tous deux et c'était déjà une bonne chose.
La jeune fille se prit à penser qu'elle devrait tout de même faire attention quelquefois. Par chance, le muse s'était révélé contre (ou du moins neutre de part son ignorance) les agissements des Mages Noirs. Mais si elle s'était retrouvé en face d'un fervent partisan prêt à tout? Sa petite stratégie de menace n'aurait pas tenue une seconde. Oui, elle était peut-être un peu trop impulsive, et par là inconsciente du danger qu'elle pouvait encourir à trop se précipiter dans la gueule du loup.
Je suppose que c'est ça qui est drôle. Le risque.

- "... et personne ne fait rien contre ? Il y a bien des gens comme moi avec des dons qui ne leurs appartiennent pas. Des gens qui serait prêts à changer les choses non? Et puis, ce n'est pas parce que l'on a pas de dons que l'on peut permettre de se laisser marcher sur les pieds ? "


Ingrid eut un sourire compatissant. Les réactions de Maafax était tout à fait compréhensibles et même rassurantes quant à ses positions face à la situation, mais elle ne pouvait s'empêcher d'y voir un enfant.

-"Nos dons, comme leur nom l'indique nous ont été donné. Donné, pour toujours. Ils nous appartiennent entièrement, et seulement à nous. Certaines personnes, comme les Mages Noirs, ont tentés d'atroces expériences afin de soutirer les dons de certaines personnes pour se les approprier. On raconte qu'ils parvinrent à certains résultats, mais je n'en suis pas si sûre. Un don fait partie intégrante d'une personne. C'est comme un organe, un organe vital. Si on essaie de séparer un porteur de son don, il meurt, c'est indéniable.
Et puis il y a le cas de ceux qui n'ont pas de don. Je ne sais pas trop et je m'avance peut-être, mais je reste intimement persuadée que chaque personne à en lui ses dons, et qu'ensuite, suivant une logique que je ne comprend pas, ils se développent ou non. Ces personnes là ignorent la présence de leur don, comme tous avant qu'ils se développent."

Ingrid laissa à Maafax le temps de digérer ses paroles. Elle n'était pas bien sûre de bien expliquer les choses. C'était assez compliqué de se mettre à la place de quelqu'un qui ignore tout de ce genre de choses quand on a toujours été élevée dans leur sein.

"- Quoi qu'il en soit, il faut que tu sois bien conscient que ton - ou tes - dons t'appartiennent intégralement et que ce n'est qu'en les comprenant comme un membre à part entière de ton organisme que tu pourras pleinement profiter de leurs capacités. Quand tu veux marcher, ton cerveau ordonne à ta jambe de bouger; c'est pareil pour ton don. Il te suffit de penser, d'ordonner, et le mécanisme agit. Quand tu auras compris cela, tu te rendras vite compte que pouvoir agir avec ton don à la vitesse de la pensée est quasi-indispensable à la survie de nos jours."

Elle laissa sciemment sous silence la fin de la question de Maafax. Pourquoi les gens ne faisaient rien contre cela? Elle ne savait pas. Peut-être avaient-ils peur, ou ne savaient pas comment faire. Ou peut-être que comme elle ils espéraient encore que quelqu'un prenne l'initiative de sauver le monde à leur place.
Une énorme prise de conscience se fit dans l'esprit de la jeune fille. Qu'est-ce qu'elle attendait? Qu'est-ce qu'elle attendait pour aider ceux qui se battaient déjà, ceux qui sans dons pour les aider allaient mourrir par centaines sur les champs de bataille?
Elle avait entendu des rumeurs sur les agitations qui occupaient actuellement le nord de Keiter. Raterait-elle l'occasion de participer à la plus grande bataille de son monde? Laisserait-elle son sort se décider par les vaiqueurs, sans même avoir son mot à dire ni s'être battue pour sa liberté?
Sûrement pas.

"-On bouge."

Ingrid avait pris sa décision. Il était grand temps qu'elle se mêle aux affaires du monde et joue son rôle dans la grande partie de l'Histoire. Tant pis pour les marchands, ils trouveraient sans doute une autre escorte. Tant pis pour l'argent aussi. Tout cela n'avait plus aucune importance. Un enjeu plus grand se profilait devant la jeune femme : sa liberté.
Jamais, jamais, elle ne laisserait quelqu'un prétendre à son indépendance sans se battre à mort avant ça.
Elle se dirigea d'un pas assuré vers les écuries. A cette heure de la nuit, tout le monde dormait profondément, tant mieux. Elle choisit un cheval d'apparence robuste, mais malheureusement farouche. Après quelques minutes et de trop sonores hennissements, elle réussit à calmer la bête et sans prendre le temps de la seller, elle monta sur son dos, prête à partir. Elle ne savait pas encore si Maafax voudrait la suivre, elle ne l'obligerait pas. Mais s'il en avait l'intention, il allait devoir faire vite.

-On bouge !

Le ton péremptoire qu'avait utilisé Ingrid l'obligea a réfléchir à la conversation qui s'était formé quelques secondes plus tôt. Maafax ne bougea pas... il avait compris. Elle laissait tomber sa mission...
Il la regarda partir et tourner au coin de la rue, direction menant aux écuries.

Il soupira une fois puis d'un pas lent rentra dans la taverne. Le brouhaha assourdissant lui donna un haut le cœur. Comment pouvait-il la laisser partir ? Il recula d'un pas alors que les deux petits vieux se mit à parler pour la première fois, l'un avec l'autre. Il regarda autour de lui. Toutes ces personnes braillant gaiement, tous ces mercenaires qui restaient là, sans bouger. Et lui ?

Il se retourna pestant contre l'initiative d'Ingrid... et surtout la sienne. Ou plutôt, son manque d'initiative.

Il hâta le pas vers les écuries. Ingrid sortait, une monture farouche ayant grand peine a avancer. Il croisa le regard de sa compagne et, malgré lui, malgré tout ce qu'il pensait sur les initiatives dans lesquelles on fonçait tête baissée, il entra dans le bâtiment sombre, chevaucha une monture qui n'eut le temps que d'éveiller ses mouvements et la força à quitter son lieu de repos. Il se cabra docilement aux cotés d'Ingrid, le visage ferme.

Il la couronna d'un regard à la fois admiratif et craintif, peur de quitter une fois encore ce pour quoi il se croyait fait. Muni de l'arc, de son armure et de ses poignards, il gratifia sa compagne d'un hochement de tête... signe qu'il était prêt à la suivre.

Au plus profond de lui, il sentait l'Appel. Il ne voulait pas utiliser ses dons, mais tout son corps, lui murmurait que pour une fois, il allait s'éveiller. Profiter de ce que ses parents lui ont donné. Peut-être que ces ailes disparues ne reviendrait jamais, mais peu lui importait à présent, car il sentait que son âme suintait une odeur parfumée : celle d'une nouvelle Voie comme vie.


[HS: désolé du retard u_u' ]

Ingrid avait pris sa décision et était prête à partir, avec ou sans Maafax, pourtant elle ne put s'empêcher d'être heureuse lorsqu'elle le vit arriver alors qu'elle sortait des écuries.

Alors tu es prêt à me suivre, même jusque là-bas? Jusqu'à la mort, sûrement.

Il 'emprunta' également une monture et se mit à son niveau. Le regard qu'il lui lança, à la fois fier et admiratif lui fit autant de peine que de joie. Il contemplait avec admiration celle qui allait le mener à sa mort. Elle en était consciente, mais elle ne culpabilisait pas. Elle ne l'avait jamais forcé à le suivre, ni à sortir de ces marécages. Il y avait certaines choses dans ce monde qui semblaient nous échapper, comme si nous n'étions finalement que des jouets dans les mains des Dieux.

Ok, alors c'est ça? C'est pour ça que je suis ici. Très bien, j'accomplirais Votre Oeuvre. Mais j'espère m'en sortir vivante...

Ingrid déglutit et se composa un air impassible et déterminé. Il n'était plus temps de faire demi-tour.

"-Tu es prêt?"

Sans attendre sa réponse, elle lança son cheval au galop. Direction le nord-ouest.
J'arrive.

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