Il ne sut jamais ce qui l'avait réveillé. Était-ce l'odeur de la fumée? Les "Repliez-vous!" gueulés à tout bout de champs? Ou les cris des gobelins enfin surs de leur victoire? Toujours est-il qu'il ouvrit les yeux contemplant ainsi le ciel rosé de l'aube dans lequel s'échappait une colonne de fumée noirâtre.

Tous son corps lui faisait mal. A travers le brouillard de sa vision, il pouvait voir passer un pied de temps en temps. Un soldat chanceux ayant réussi à atteindre la porte ou le gobelin qui se lançait à sa poursuite. Quelques minutes s'écoulèrent avant que son esprit recolle tous les morceaux.

La bataille! Le fort! Les gobelins!

Il était parfaitement réveillé maintenant... Mais toujours incapable de bouger un muscle. Il sentait la boue dans laquelle il était allongé mais il sentait également autre chose de plus visqueux qui reposait en dessous de lui. En louchant vers le bas, il aperçut la flèche qui au lieu de lui ôter la vie, la lui avait sauvée... pour le moment.

Apparemment tout le monde fuyait. Dans quelques instants, les gobelins achèveraient les blessés et saccagerait le fort en célébrant leur victoire. Une bonne raison de ne pas traîner ici. Continuant de se débattre intérieurement, il parvint en puisant dans toutes ses réserves d'énergies à basculer lamentablement sur le côté. La boue lui rentrait dans le casque maintenant et il avait un splendide point de vue sur les entrailles du gobelin à sa droite... Mais il avait progressé.
- Allez bouge! Tu vas pas crever ici quand même!

Respirant profondément, il se redressa juste à temps pour réceptionner un gobelin dans ses bras. Roulant de nouveau à terre. Il lutta quelques instants avec la bestiole esquivant de son mieux les coups de hachoirs qui lui pleuvait dessus.

S'il utilisait son don il s'évanouirait et mourrait dans tous les cas. Il parvint à bloquer le petit bras vert stoppant ainsi la lame qui par deux fois avait manquée la fente du heaume. Il s'épuisait rapidement et la bête hurlait à plein poumons.

De sa main libre, il repoussa l'autre bras du gobelin et lui enserra le cou de toutes ses maigres forces. D'abord surprise, celle-ci tenta ensuite de se dégager en tirant sur le bras. La lutte dura un court instant puis le gobelin lâcha son hachoir pour essayer de dégager son cou. Ses yeux roulaient dans ses orbites et de très faibles sons sortaient de sa bouche. En dernier recours, il tenta de crever les yeux de Léandre mais ses bras trop courts l'en empêchèrent.

Ce dernier le tenait maintenant fermement à deux mains et faisait tout pour empêcher sa proie de gigoter. Bientôt celle-ci s'affaissa, la langue pendante, les yeux exorbités et le teint ayant pris une jolie couleur bleue.

Léandre attendit quelques secondes puis relâcha sa prise. Le truc s'effondra sur lui. Il le repoussa et se traîna tant bien que mal à l'abri des ruines de la poterne. Épuisé, blessé, le souffle court, il chercha un moyen de filer sans tarder. Ses jambes ne le mèneraient pas loin et il ne voyait pas vraiment de moyen de transport à proximité.

Bilan de la situation: il était blessé, épuisé, désarmé, sans espoir d'être secouru bientôt et encerclé par une horde monstrueuse de gobelins qui voulaient sa peau. Conclusion: il était foutu! Parvenu à cette fin, il laissa retomber sa tête contre le mur de pierre, écoutant les grognements et hurlements autour de lui.

La petite troupe arriva finalement près de la porte sud du fort. Un coup d'œil suffit à avertir Eena. Ils ne passeraient pas intacts. Les gobelins avaient également envahis cette partie du fort et massacraient les derniers survivants et soldats qui tentaient désespérément de rejoindre la sortie. Au loin, la forêt offrait un abri presque sûr pour ceux qui l'atteignait.

Un "plan" fut rapidement mis au point. On ne se séparait pas. On appliquait la même technique que les gobelins: écraser l'ennemi sous le nombre. Elle capta les regards anxieux des personnes qui l'accompagnaient. C'était du suicide. Ils le savaient tous. Mais rester dans le fort revenait exactement au même... en plus rapide et sans doute plus douloureux.

Toujours aux aguets, Eena attendit que les gobelins s'écartent un peu de la porte. Il fallait foncer sans leurs laisser le temps de réagir, les clouer sur place et être loin avant qu'ils ne réalisent. Et pour ça il fallait percer leurs défenses le plus rapidement possible.

Soudain elle lança le signal: "Maintenant!!"
Les humains et la muse foncèrent, agrippant leurs armes avec l'énergie du désespoir, poussant de pitoyables cris de guerre. Ce qui malgré tout offrit l'instant de surprise dont ils avaient besoin. Avant que les créatures vertes, sures de leur victoire, ne réagissent, le petit groupe défonça les quelques gnomes qui leur barrait la route et s'élança vers la sortie. Eena, couteau de chasse en main -bien plus commode à manier que son épée qu'elle avait d'ailleurs abandonnée- trancha la gorge d'un gobelin tout en ne quittant pas son objectif de vue.

Un cri, un homme s'effondra, la cheville tailladée, entraînant sa femme avec lui. Personne ne s'arrêta tandis que leurs cris de terreur et de douleur résonnèrent dans la petite cour. Le groupe franchit la porte. Mais ils n'étaient pas sauvés pour autant. Il fallait maintenant sprinter vers la forêt sans glisser sur le sol boueux. De plus les gobelins revenus de leur surprise s'élancèrent derrière eux en vociférant. Une pluie de flèche meurtrières s'abattit sur les retardataires qui s'effondrèrent tous sans un cri. En moins de deux minutes, le groupe avait perdu près du quart de ses effectifs.

Essoufflés, blessés mais vivants, les survivants atteignirent la forêt. Toutefois, la partie était loin d'être gagnée. Regroupée de cette façon, ils avaient pu passer les gobelins mais maintenant il leur fallait être discret et les créatures vertes approchaient. En quelques secondes, Eena convainquit ces esprits hagards et traumatisés que leur seule chance était de se disperser. Soit les gobelins resteraient groupés et on aurait donc plus de chance de leur échapper, soit ils se lanceraient dans toutes les directions et on pourrait peut-être tuer celui qui nous suivait. La proposition fût rapidement adoptée et tous s'élancèrent dans la forêt, désireux de mettre un maximum de distance entre eux et le fort.

Eena se retrouva seule. Elle avait foncée plein sud et malgré les branches qui s'accrochaient dans ses plumes et le danger de mort qui la poursuivait, elle était presque heureuse de se retrouver dans son élément. Elle élaborait déjà son plan pour semer les gobelins mais pour ça il lui fallait un peu de temps. Ayant de plus grandes jambes que celles des créatures, elle parvint rapidement à mettre une certaine distance entre elle et ses poursuivants. Mais bientôt, des cris d'agonie emplirent la forêt. Les sales bêtes avaient apparemment opté pour la seconde possibilité. Elle avisa un arbre à l'écorce noire et au feuillage encore conséquent malgré le début de l'hiver.

Tenant le manche du couteau entre ses dents, elle entreprit prudemment d'abord l'escalade mais elle accéléra au risque de se rompre le coup lorsque les cris stupides se rapprochèrent d'elle. Elle s'immobilisa à mi-hauteur alors qu'un groupe de cinq créatures déboulait sous elles et passait sans la voir et elle comprit qu'elle avait mal calculé son coup. Les gobelins avaient lancé un groupe vraiment conséquent à leur poursuite et même en se séparant, ils restaient suffisamment nombreux pour massacrer une personne seule et sans défense. Se hâtant, elle atteint bientôt une hauteur jugea elle suffisamment protectrice. Avec toutes ces branches, les archers ne pourraient pas l'atteindre et les gobelins étaient trop petits pour grimper alors qu'elle avait passé la majeure partie de son existence dans les arbres. S'enroulant dans son aile valide, elle déploya son don par à-coups pour vérifier la position des créatures.

Elle était transie de froid et claquait des dents mais elle ne devait pas bouger avant que les bestioles retournent d'où elles venaient. Un autre gobelin s'approchait, seul cette fois. Sur ses gardes, elle se cramponna à la branche et à son couteau et tenta de faire taire ses dents. La mocheté passa sous sa position et stoppa en poussant des "nyark" agressifs. Il semblait humer l'air et elle pria pour que les divinités n'aient pas pensées à doter ces monstres d'un flair aiguisé. Une minute s'écoula puis un craquement se fit entendre. Un homme avait quitté sa cachette, terrorisé et détalait dans l'autre sens avant de se retrouver nez à nez avec le reste de l'escouade du solitaire. Eena détourna les yeux pour ne pas assister à la boucherie qui s'ensuivit... D'autant que c'était elle qui les avaient entraînés là dedans. Les gobelins repartirent et finalement décidèrent de rentrer au fort.

Lorsqu'elle fut certaine d'être seule, elle descendit lentement. L'escalade avait malmenée son aile mais elle finit par poser le pied sur le so. Et maintenant? Elle était trop fatiguée pour réfléchir à ça et décida d'abord de rejoindre Elindor et d'aviser ensuite.

Le coup avait été violent et elle ne se sentit pas tomber. Tout devint noir et, inconsciente, elle fut pour un instant étrangère à ce monde. Elle aurait pu tout aussi bien être morte, mais il faut croire que les Dieux en avaient décidés autrement.
Avec un mal de crâne épouvantable, elle ouvrit les yeux. Où était-elle? Sa bouche était pâteuse et ses membres lourds. Son bras droit était pratiquement paralysé à cause du récent combat durant lequel elle s'était vidée de ses forces. Le combat...
Autour d'elle, il n'y avait qu'une immense plage qui s'étendait à perte de vue. Où était-elle? Plus important: où était les autres? Un instant, une pensée étrange l'envahit: était-elle morte? L'Autre Monde serait-il cette plage de sable blanc.
Ridicule. Tu connais ces plages depuis toujours. Elles sont tout ce qu'il y a de plus réel.
Reprenant petit à petit ses esprits, elle se releva et avança jusqu'au bord de mer où elle se laissa choir comme une masse. L'eau fraiche, froide même, vint l'embrasser au rythme de ses ressacs. Elle ferma les yeux et essaya de se rappeler. Comment était-elle venue jusqu'ici? Où était les autres?
Où était leurs ennemis? Cette pensée la tonifia plus qu'une claque en plein visage. Si un de ces gnomes verts puants avait osé faire du mal à sa cousine...
Elle se releva, animée d'une nouvelle volonté. Forcant un peu ses muscles endoloris, elle gravit les petites dunes qui surplombaient la plage pour se repérer géographiquement. Elle n'eut pas besoin de chercher longtemps. Un peu plus loin sur sa gauche s'élevait une épaisse fumée noire. Le poste de garde était en feu.
Elle ferma les yeux et fit une rapide prière. A cette heure là, il ne devait plus rester que des cadavres noircis à l'intérieur.

Elle essaya de réfléchir à la meilleure chose à faire maintenant. Il était hors de question de retourner là bas, ce serait du pur suicide. Pourtant, comment savoir s'il ne restait pas des personnes à aider? Et où était sa cousine? Pourquoi n'avait-elle pas fuit avec elle? Etait-elle morte elle aussi? Non, Floradel était déjà partie. Elle se rappela ses paroles dans la salle du conseil.
Kalena soupira. Au moins, elle allait bien.
Avoriaz.
Ce mot s'imposa à son esprit comme une révélation. Il ne restait plus qu'à rentrer à Avoriaz. La guerre venait de commencer.

Elle commençait à calculer fatalement le nombre de jours qu'il lui faudrait pour atteindr la ville dans son état quand quelque chose vint lui donner un petit coup dans le dos. Elle se retourna, sur la défensive, et découvrit avec stupeur un cheval. Ses pupilles se dilatèrent d'un coup quand elle reconnu la selle.
Non...
C'était le cheval de Floradel. Alors où était-elle? Elle n'était pas partie?!
Une vague de glace envahit son coeur tandis qu'elle se faisait douloureusement à l'idée que sa cousine n'était plus de ce monde. La mort dans l'âme, elle enfourcha la monture qui lui avait sans doute sauvé la vie.
Flo...Pourquoi?

Elle flatta l'encolure du cheval puis le talonna jusqu'au triple galop. Elle lèverait l'armée la plus grande jamais vu, elle souleverait Keiter, elle vengerait sa cousine.

L'assaut des gobelins redoublait depuis que l'ordre de fuite avait été crié. Le feu dévorait les entrailles du poste de garde et montait au dessus de Floradel une atroce fumée noire. La plupart des soldats avaient réussis à sortir mais l'Intendante restait là, cherchant un moyen d'atteindre la porte sud depuis que la porte de la cour s'était refermée par l'action des affreuses bêtes vertes. Comme un animal acculé, elle courrait en tous sens la peur au ventre, allant des écuries en proie aux flammes, jusqu'aux couloirs vides d'humains -et remplis de gobelins déjà festoyant leur victoire- en utilisant son don de passe-muraille comme elle le pouvait pour éviter les coups mortels qu'on lui lançait sur son chemin.
Elle commençait à fatiguer, mais ne s'en rendait pas compte. La boule serrée dans sa gorge, et la terreur qui lui vrillait le cœur l'empêchait de la sentir.
Elle finit par trouver une coursive minuscule qui n'était pas occupé de gobelins, et s'élança dedans sans même réfléchir. Ses pas résonnèrent sur le sol de pierre. L'accès fut bientôt jonché de cadavres, qu'elle enjamba un à un en fermant les yeux, priant pour ne pas vomir. Elle évita soigneusement de croiser leur regard vitreux, haletante, et continua son chemin en faisant appel aux Dieux pour la sauver.
Au bout de la sorte de tunnel, une lumière blanchâtre lui indiquait que cela débouchait en plein air, loin des feux qu'elle avait allumé. Elle se jeta vers la fin du passage, et quand elle déboula hors du fort, elle se crut sauve.

La mort arriva de derrière. Deux gobelins tentaient de la suivre depuis quelques minutes à travers le passage, malgré sa course effrénée. Le bref répit qu'elle leur laissa en s'arrêtant à la sortie leur permit de se rapprocher.
Elle soupira de soulagement, et la lame lui transperça le dos et pénétra jusque dans les organes vitaux.
Elle mourut sur l'instant.

Les deux affreux gnomes n'eurent pas le temps de célébrer leur victoire. Une ombre les domina et leurs têtes voltigèrent à quelques mètres dans le couloir. Léandre laissa retomber son sabre incapable de calmer la colère qui le consumait de l'intérieur, incapable de détacher son regard du cadavre de l'intendante, incapable d'empêcher ses larmes de couler.

Se retournant, il propulsa sa lame de toutes ses forces au loin. L'arme s'écrasa au sol dans un fracas de métal, étouffé par l'effondrement des écuries. Elle ne lui servirait plus. Il avait échoué. Il n'avait pu protéger personne et le pire, était que lui était toujours vivant. Pourquoi? Pourquoi n'y avait il aucune créature verte là maintenant pour l'éliminer et en finir une bonne fois pour toute.

Sa colère et sa tristesse l'aveuglait. Il contemplait tous ses cadavres. Civils, soldats, nobles, toutes ses victimes... Un tourbillon d'émotions contradictoires l'envahit. Il ne savait plus quoi faire. Plus de but, plus de raisons de vivre.

Malgré tout, il finit par se ressaisir légèrement. Il était toujours vivant. Il devait bien y avoir une raison à cela. Son regard s'arrêta sur le cadavre désormais froid de la mairesse. Sans réfléchir, il s'en saisit et le chargea sur ses épaules massives. Il était de son devoir de lui offrir la "chance" d'être enterrée à Avoriaz. C'était stupide mais son esprit n'était plus en état de faire la différence entre le bien et le mal, la raison et la folie.

Ces jambes avaient encore des difficultés à le maintenir debout et ce poids supplémentaire n'arrangeait en rien les choses. Mais il n'abandonna pas et, serrant les dents, il avança vers la sortie. Il ramassa cependant son sabre et le passa à sa ceinture puis continua sa route. Les gobelins semblaient occupés à maîtriser l'incendie qui se propageait, de monstrueuses volutes noires de fumée montant vers le ciel, car Léandre parvint à parcourir la distance qui le séparait de la forêt. Il trébucha et s'effondra sur le tapis de neige glacial. Mais il se releva en gémissant épuisé et poursuivit sa route, haletant, couvert de sang et de sueur.

Par trois fois ses jambes le trahirent. Par trois fois il se releva complètement fourbu. La quatrième fois fut de trop et il resta sur place cherchant à retrouver son souffle. Tournant difficilement la tête, il aperçut le cadavre juste en face de lui. C'était la seule chose à laquelle il pouvait se raccrocher, la seule chose que son esprit embrumé arrivait encore à identifier. Rassemblant ses dernières forces, il rampa jusqu'au corps avant de perdre connaissance.

L'armée continuait toujours au même rythme. Gauche, droite, gauche, droite. Les soldats ne montraient aucun signe de fatigue malgré les quelques kilomètres qu'ils venaient d'avaler. Le poste de garde n'était plus très loin. Ils pouvaient tous voir le nuage noir qui s'élevait un peu plus en avant de leur position et le vent leur apportait l'odeur de l'incendie.

Ils n'avaient croisés aucun humain sur leur chemin, le froid les avaient sans doute tous chassés à l'intérieur de leurs fermes. Après quelques minutes, ils émergèrent de la forêt, Shaara et le général Irvin en tête accompagnés de trois cent soldats chérubins environ. De là où ils se trouvaient, ils pouvaient voir les flammes ramper sur les pierres noircies du fort, brûlant et consumant ce qui pouvait l'être encore. Des gobelins couraient en tout sens tentant de maîtriser ce redoutable incendie qui s'attaquait également aux gnomes verts trop imprudents mais il était trop tard. L'ancien fort humain allait bientôt s'écrouler, rongé par les serpents de feu. Ce soir ils devraient donc camper à la bonne étoile.

Les troupes chérubins traversèrent donc l'étendue de boue et de sang qui les séparaient du fort. En les voyants, les affreuses créatures laissèrent immédiatement tomber ce qu'elles étaient en train de faire et vinrent se prosterner à leurs pieds.
- Pitoyables créatures pathétiques! pensa Shaara. Elle méprisait ces horribles créatures laides et stupides autant qu'elle méprisait les impurs.
- Gobelins! Où est le général Reïss?

La voix d'Irvin perturba le silence, qui se transforma immédiatement en un brouhaha incompréhensible, chaque gobelin essayant d'exprimer son opinion à grands renforts de nyarks en tout genre. Irvin y mit immédiatement un terme, sa faux fendit l'air et la gorge du gobelin situé juste devant lui, ramenant le calme parmi ceux-ci.
- Je ne le répèterai pas. Où est-il?

La menace qui pesait dans cette voix activa immédiatement les créatures et l'un d'eux partit en courant en direction des bois. Il revint quelques minutes plus tard en compagnie de ce que Shaara identifia comme étant le général Reïss en question. Il était beaucoup moins... spécial qu'Irvin mais ce devait être un chérubin exceptionnel car il chevauchait un étalon à la robe baie. Les deux généraux se saluèrent d'un simple signe de tête:
- D'où te viens cette créature? Tu ne l'avais pas avant de débarquer ici.
- Je suis tombé dessus par hasard. Sans doute un rescapé de ce brasier.
- Où en sommes-nous au niveau des effectifs?
- Sur les cinq ou six cents gobelins que nous avions ramenés, cent ont péri lors du premier assaut et trois cents autres environs lors du second. J'ai fait une erreur de jugement, les humains se battent mieux que nous ne le pensions.
- Cependant, s'ils sont incapables d'arrêter quelques régiments de gobelins, ils tomberont comme des mouches face à notre véritable armée.
- Quelle est la suite du plan?
- La ville nommée Elindor un peu plus au Sud. Nous attendons juste les autres, ils ne devraient plus tarder. D'après cette jeune femme, seule Loan manquera à l'appel mais elle devrait vite nous rejoindre.
- D'accord, je suggère que tes hommes ne restent pas ici, on ne sait jamais, mieux vaut que les humains n'apprennent notre arrivée que le plus tard possible. Les gobelins vont rester ici et vous allez prendre leur campement un peu plus loin.

Reïss se tourna alors vers un gobelin, toujours prostré à terre:
- Toi! Si les autres généraux arrivent, tu les envoies au camp est-ce bien clair?

La créature, le nez dans la boue répondit par un grunk inaudible puis, l'armée suivit Reïss jusqu'au camp des gobelins où ils passeraient la nuit.